SAINT BLAISE - SAN BIASGIU EN CORSE
DEUXIEME PARTIE
L'EGLISE DE CALENZANA
CALENZANA (Balagne) - la Collégiale Saint-Blaise
Les plans du nouvel édifice sont du célèbre architecte génois Domenico Baïna qui a beaucoup oeuvré en Corse (La Porta, Tomino etc.). Saint-Blaise est une église imposante avec son plan à trois nefs qu'on retrouve dans une quinzaine d'églises en Corse et ses trois coupoles. Outre la coupole centrale les deux nefs latérales s'achèvent par deux absidioles couvertes chacune d'une coupole.
Ce modèle all'antica qui renvoie à la Canonica puis à l'Assomption de Bastia a été revu et revisité alla moderna à l'époque baroque. C'est le cas ici (voir Nicolas Mattei, Le Baroque religieux corse, op.cit. p.222).
Les travaux commencèrent en 1691 et l'église fut ouverte au culte en 1707.
En 1752 le pape Benoît XV autorisa la création d'une collégiale de chanoines supprimée en 1790, rétablie en 1794 et définitivement supprimée au XIXè s.
"Une collégiale (raccourci pour église collégiale) est une église qui possède un chapitre de chanoines composé d'un nombre fixe de clercs séculiers.
Tous les chanoines possèdent un siège dans le chœur de l'église afin de s'y réunir et d'y chanter ou réciter l'office divin, une maison canoniale, un revenu et des fonctions précises". (article wikipedia)
Selon O. Tencajoli, l'église aurait été consacrée pro cathédrale des évêques de Sagone par l'évêque Pietro-Maria Giustiniani - voir infra la tableau de Saint Laurent Giustiniani. Cette puissante famille ligure a joué un grand rôle en Corse.
Le clocher, isolé, comme à Saint-Jean-Baptiste de La Porta en Castagniccia, date de 1870-1875 sur les plans de l'architecte bastiais Jean-Louis Guasco (ce dernier a édifié aussi Saint-Augustin de Valle-di-Campoloro, l'oratoire Saint-Roch à Bastia)
Au pied du clocher on trouve le Campo Santo dei Tedeschi, le cimetière des Allemands morts lors de la bataille de Calenzana le 14 janvier 1732 alors qu'ils essayaient d'occuper Calenzana.
Mercenaires emmenés par Camillo Doria, et aidés d'une centaine de Calvais pro-Gênes, ils furent massacrés par les troupes corses d'Andria Ceccaldi.
Les Calenzanais, pourtant moins bien armés que leurs ennemis, s'illustrèrent par leur courage et remportèrent la bataille.
Les Corses, parmi lesquels Petru Pozzini de Speluncato et Marco Tortore de Muro, jetèrent dans la bataille des ruches d'abeilles qui mirent l'ennemi en déroute.
Le clocher à 4 étages présente des ornements variés : volutes, colonnettes, niches, pots à feu, fenêtres à balustres. Le dernier niveau qui abrite la chambre des cloches, est très architecturé et ceint d'une balustrade de fer forgé.
La balustrade est l'oeuvre du sculpteur génois Domenico Solani.
LES ANGES CEROFERAIRES
Autres trésors de la Collégiale
Les autels secondaires (en marbre). En partant de l'entrée vers la gauche :
Un mot sur Laurent Giustiniani (Venise 1380-1456 canonisé en 1690 par Alexandre VIII) : la plus célèbre figure de la puissante famille génoise Giustiniani qui donna 6 évêques à la Corse.
Le phylactère tenu par la Vierge porte le titre de l'un de ses traités : De incendio divini amoris : Du feu de l'amour divin. On le voit écrivant ; un angelot se coiffe de sa mitre d'évêque et tient sa croix de patriarche. Même geste en haut à droite mais l'ange tient la crosse.
On lit en bas à droite Sebastianus Lices F (le peintre ?)
Devant l'écritoire figurent les armes des Giustiniani.
On les retrouve dans la cathédrale du Nebbio à Saint-Florent sur la stèle funéraire de Thomas Giustiniani mort en 1713.
La Vierge à l'Enfant apparaît à Saint Laurent Giustiniani premier patriarche de Venise et évêque et à St Paul ermite du IIIè s. d'abord enterré à Venise et qui était ravitaillé par le corbeau qu'on voit en bas de la toile.
(voir notre page sur la rencontre entre l'ermite et Saint Antoine abbé), scène que l'on retrouve peinte sur le plafond de la Confrérie St Antoine abbé.
Chemins de croix réalisés en partie par Giacomo Grandi en partie par Giuseppe Ronchi (XVIIIè s.) actuellement remisé.
Ce chemin de croix de plâtre qui est installé dans l'église est un don de Natale Predenacci, mutilé de guerre (1928) selon O. Tencajoli.
Calenzana - Orgue du XVIIIè s. provenant du couvent voisin d'Alziprato, installé dans l'église à la Révolution et rénové au XIXè s. par les facteurs d'orgue Anton Pietro Saladini puis Antonio de Ferrari.
On ne peut pas quitter Calenzana sans être entré dans la chapelle de la Sainte-Croix de la Confrérie Saint Antoine abbé, de l'autre côté de la place de l'église.
Y figure le magnifique sepolcro de Giacomo Grandi (voir notre page sur les sepolcri de la Semaine Sainte.
Il faut aussi s'avancer sur la route de Zilia pour visiter la chapelle Sainte-Restitude, patronne du village. (voir notre page sur Restitude patronne de la Balagne).
A tant faire méritent aussi le détour, la chapelle Saint-Antoine de Padoue non loin du départ du GR 20, la chapelle Saint-Ignace (visite sur demande) mais on ne verra pas le couvent d'Alziprato (propriété privée pratiquement invisible de la route).
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce beau village et beaucoup à voir et ... à goûter (vin, pain, pâtisseries réputés) !
La fête de Saint Blaise en Corse
Calenzana, Corsoli (Cambia), Focicchia, Giuncaggio, Poggio-Marinaccio ont pour patron Saint Blaise. On le fête aussi à Quercitello partout où de très anciennes chapelles étaient édifiées par le passé.
Les festivités du 3 février (déplacées au 8 août à cause du dépeuplement des villages) sont particulièrement développées dans certains de ces villages comme le décrit la somme de Luccioni (Tempi fà les fêtes religieuses, op.cit.p.140-143) qui analyse avec pertinence le lien avec d'anciens rites païens et chamaniques.
Il rappelle que Gargantua de Rabelais, héritier d'une ancienne divinité, naît le jour de la saint Blaise.
On perpétue le rite des cierges croisés sur la gorge, on sort la statue pour la procession ce que l'on faisait jadis en cas d'incendie.
En 2010 à Poggio Marinaccio, on a renoué avec des traditions abandonnées depuis 70 ans ! Feu, procession, petits pains, merendella ... qui favorisent les relations entre les habitants des hameaux.
AUTRES OEUVRES DE SAINT BLAISE GLANEES LORS DE DIVERS VOYAGES