SAINT BARTHELEMY
Mise à jour décembre 2020
L'histoire et la légende
Bartolu, Bartolomeo, Barthélémy, apôtre du Christ, a connu des moments difficiles selon la légende…
Un problème d’identité d’abord … Quel est son vrai nom ? Bar Tolmaï fils de Tolmaï ou
Ptolémée ? Ou encore l’apôtre Nathanaël si l’on en croit Saint Jean ? Pourtant, il ne joue aucun rôle ni dans les Evangiles ni dans les Actes des Apôtres.
Mais, toujours d’après la légende, cet originaire de Cana en Galilée, aurait évangélisé, au Ier siècle après la mort du Christ, l’Arabie, la Mésopotamie, voire l’Inde et l’Arménie.
C’est là que, selon le martyrologe romain, il aurait été écorché vif (vivus decoriatus), sur ordre du roi Astyage, furieux de ce qu’il avait converti au christianisme un grand nombre de ses sujets.
Du coup, le voilà confondu avec le personnage mythologique de Marsyas, un satyre que le cruel Apollon a
fait écorcher vif, furieux que Marsyas, inventeur de la flûte à deux tuyaux, l’ait défié dans un concours musical présidé par les Muses et le roi Midas (celui des oreilles
d'âne).
L'histoire est racontée par Ovide dans Les Métamorphoses.
Quel martyre original en plus ! Les hagiographes, comme Louis Réau (op.cit.p.180
sq) le rappelle plaisamment, las des crucifixions et décollations, « optèrent pour un martyre moins banal et firent de Saint Barthélémy un Marsyas
chrétien ».
On comprend pourquoi Barthélémy est devenu le patron des bouchers, des charcutiers et des tanneurs (1).
(En Italie d’ailleurs, on trouve des églises intitulées San Bartolomeo dei pizzicagnoli (des charcutiers) et dei vaccinari (des corroyeurs).
Il est aussi le patron des tailleurs, parce qu’il porte sa peau sur son bras, sur son épaule ou à la main, comme un simple manteau.
Saint guérisseur de surcroît, il est censé guérir les blessures et aider à la cicatrisation … C'est le
cas en Corse où, d'après Mgr de la Foata, san Bartolu était invoqué contre la rougeole (u russetu) et la variole (u vaghjolu).
Claire Tiévant et Lucie Desideri rappellent que les épidémies de variole sévirent jusqu'au XIXè en Corse et furent meurtrières, surtout en 1879 (Almanach corse, 1986).
L’iconographie
Il se présente avec sa peau écorchée posée sur l'épaule ou sur le bras et/ou le couteau de son
supplice. Il peut porter aussi un livre (ce serait l’évangile selon St Mathieu).
Certaines œuvres poussent le réalisme à représenter le martyr comme un écorché.
D’ailleurs, les premières études d’Ecorché qui servaient de modèles dans les Académies de dessin étaient
censées figurer Saint Barthélémy.
Son culte s’est répandu dans toute l’Europe. De nombreuses églises lui sont consacrées. Des reliques de l'apôtre sont préservées sous l'autel principal de la basilique Saint-Barthélémy-en-l'Île, sur l'île Tibérine, à Rome.
De nombreuses communes portent son nom.
Même après sa mort le destin lui aura été cruel puisqu'on associe surtout son nom au terrible massacre de
la Saint-Barthélémy …
SAN BARTOLU "U SCURTICATU" EN CORSE
Quelques églises et chapelles lui sont dédiées.
La chapelle médiévale de San Bertuli (saint Barthélémy) à Monacia d'Orezza accueille, le 24 août, en l'honneur du saint, les pèlerins de toute la région .
La statue du saint est sortie lors de la procession
La première église dédiée à l'Assomption a été édifiée en 1545 selon les sources.
Reconstruite en 1620 (la date est gravée sur le linteau de la grande porte), elle a bénéficié de nombreuses campagnes de (re)construction et de travaux d'embellissement, du XVIIè au XVIIIè siècle.
C'est au cours du XVIIè siècle que le vocable a changé, l'église d'origine St Barthélémy étant trop lointaine.
Le clocher a été foudroyé en 1847 et en 1876. Beaucoup de vicissitudes donc pour cette très belle église.
Des statues représentent le saint, le couteau de son "dépeçage" à la main, ou écorché vif ligoté à un tronc d'arbre.
Le tableau d'Occhiatana, ci-dessous, est attribué à Nicolao Castiglioni peintre d'origine corse né vers 1592.
Il illustre avec réalisme le supplice de Saint Barthélémy à qui un soldat commence à lacérer le bras droit tandis qu'un autre s'applique à lui lier les pieds à un tronc d'arbre.
On remarque dans les photos suivantes les symboles de son martyre.
Ce médaillon, dans l'église Saint Pierre de Luri, est l'oeuvre du peintre Gaetano Leoni (1856-1924), élève de Paul-Baptiste Profizi (1839-1908) auteur de nombreuses oeuvres en Corse.
Le tableau, ci-dessous, très abîmé, visible à Parata en Castagniccia, représente la Vierge dans les nuées, couronnée par des anges.
En regardant le tableau de face, on aperçoit à gauche, Saint Gavin en soldat romain, au centre un personnage qui pourrait être Barthélémy (couteau à la main, lambeau) mais sans auréole.
A droite Saint Blaise ou Saint Martin ? Certains identifient la scène à la charité de Saint Martin.
Mais les représentations les plus spectaculaires du martyre de Saint Barthélémy, avec sa peau sur le dos, se trouvent sur les fresques des chapelles romanes.
Impossible de le manquer : il est rouge de son sang.
Dans la chapelle Saint-Thomas de Pastoreccia à Castello-di-Rostino.
Dans la chapelle Saint Michel à Castirla.
Dans la chapelle Saint Nicolas de Sermano.
Dans la chapelle San Pantaleon de Gavignano.
Dans la chapelle Santa Cristina de Valle di Campoloro.
Dans la chapelle San Quilico de Cambia, il figure tout habillé entre Philippe et Simon.
Ci-dessous trois photos de la chapelle Santa Maria Assunta de Furiani. Les fresques sont très abimées. Néanmoins on arrive à distinguer Saint Barthélémy avec sa peau sur son épaule.
Photos extraites du remarquable site :
corse-romane.eu de Claudine Levie et Philippe Deltour
De nombreux artistes ont glorifié Saint Barthélémy.
Voici quelques unes de leurs oeuvres glanées au fil de nos voyages.
Saint Barthélémy est parfois associé aux Saints Crépin et Crépinien, patrons des cordonniers. Ainsi à Bonifacio dans la chapelle de la Confrérie Saint-Barthélémy figure un tableau des deux saints cordonniers.