SAINT ANDRE EN CORSE - SANT ANDRIA (fêté le 30 novembre)
Première partie
Lucciana Poggio di Nazza Crocicchia
SA VIE, SON OEUVRE, ET SES MIRACLES
Au sein du collège des apôtres, André est un très proche du Christ. On le désigne comme le "Protocletos", le "premier appelé" par Jésus quand celui-ci recrute ses douze apôtres. Il est pourtant peu cité dans les Evangiles (Mathieu 4,18, Marc 1,16 et 1,29 et Jean 1,35). Les autres épisodes de sa vie viennent de récits apocryphes.
André, né à Bethsaïda, ville de Galilée au bord du Lac de Tibériade, est le frère aîné de Simon (renommé Pierre par Jésus).
Ils sont pêcheurs à Capharnaüm, sur ce lac (situé en Israël aujourd'hui), décor d'épisodes fondateurs de la vie de Jésus.
LA VOCATION D'ANDRE ET SIMON
Disciple de Jean-Baptiste, André est présent sur les bords du Jourdain quand le Baptiste présente Jésus : "Voici l'Agneau de Dieu". André suit le Christ. C'est l'étape de la reconnaissance.
De retour à Bethsaïda il dira à son frère : Invenimus messiam (Saint Jean, 1,39-41) : Nous avons trouvé le Messie.
Quelque temps après, ils rejoindront tous deux le Christ qui les appelle du rivage (vocation) alors qu'ils lancent leurs filets, abandonnant tout derrière eux (Matthieu 4,1) : "Je ferai de vous des pêcheurs d'hommes" leur dit-il. C'est l'étape du discipulat qui précède l'apostolat.
L'eau, le bateau, les poissons, les filets de pêcheurs constituent le décor de l'appel de Simon Pierre et André.
On note la présence du drapeau français au mât du bateau de gauche ...
Les attributs iconographiques d'André se combinent :
C'est ainsi que Pierre et André sont les patrons des pêcheurs.
A Bastia, une chapelle latérale de l'Eglise Saint-Jean fut concédée après la Révolution aux marins de la ville réunis en corporation en 1703.
La chapelle a été rénovée de 1893 à 1898 par le peintre Paul-Baptiste Profizi (1839-1908) qui réalisa les décors à caissons de la voûte et le doreur Magiotti.
(voir l'ouvrage consacré à l'église par l'Inventaire de Bastia sous la direction de Michel-Edouard Nigaglioni)
SAINT ANDRE APOTRE DU CHRIST
Auprès du Christ, André agit comme un intermédiaire : c'est lui qui ramène le jeune garçon qui possède cinq pains d'orge et deux poissons dans l'épisode de la multiplication (Jean 6, 8), lui encore qui amène les Grecs à Jésus (Jean, 12, 21-22).
Il est cité aussi quand Jésus prédit à ses apôtres la destruction de Jérusalem (Marc, 13,3).
Dans les représentations de la dernière Cène, il est toujours présent.
EVANGELISATION ET MIRACLES
Après la Pentecôte, André serait parti évangéliser l'actuelle Russie (Scythie) - hautement improbable selon Louis Réau - et aurait rendu la vue à Mathieu martyrisé et emprisonné en Ethiopie où il était parti évangéliser. Même Jacques de Voragine dans La Légende dorée n'y croit pas ...
A Nicée (Asie Mineure) il chasse des démons transformés en chiens ; les parents d'un jeune disciple, furieux qu'il ait rejoint l'apôtre, incendient sa maison. Avec un simple flacon d'eau, le garçon éteint l'incendie.
Alors qu'il est emprisonné par le proconsul Quirinus et refuse de sacrifier aux idoles, les bêtes sauvages auxquelles il est livré l'épargnent. Pour d'autres miracles on peut lire La Légende dorée chap. II
LE MARTYRE
Le voici ensuite dans le Péloponèse à Patras, où il guérit Maximilia, la femme du proconsul Egeas.
Ce dernier apprenant qu'il profère des critiques sur l'empereur, le fait fouetter puis crucifier. Comme le Christ et son frère Pierre.
Pierre, par respect pour le Christ, avait souhaité être crucifié la tête en bas.
Pour différencier le martyre d'André de celui de son frère (et de la part de l'église orthodoxe, pour concurrencer son culte par l'Eglise romaine), la légende de la croix en X apparut à la fin du Moyen Age. Jusque là, la croix du supplice est une croix latine comme celle du Christ.
André n'aurait pas été crucifié. Comme les larrons qui entourent le Christ sur le Golgotha, il aurait été attaché à sa croix.
Après qu'il eut passé deux jours de souffrance sans cesser de prêcher, la femme du gouverneur et le peuple interviennent pour le sauver. Mais personne ne réussit à détacher les liens et André meurt sur la croix.
Ce sont les paroles qu'aurait prononcées André marchant à son supplice :
"O bonne croix, ennoblie et embellie par les membres du Seigneur ! Longtemps désirée, constamment aimée, sans cesse recherchée (...)"
(Jacques de Voragine, La Légende dorée, ch.II)
La croix latine jusqu'au XVè s. dans les chapelles à fresques.
Castirla ( Cortenais) Sermano (Cortenais Gavignano (Cortenais)
La croix en X (decussata, croisée et decem, dix, comme le chiffre romain X)
G. Moracchini-Mazel précise qu'au moins deux sanctuaires de Saint André se dressaient à Feliceto et Speloncato, en Balagne. Au Moyen Age la pieve était d'ailleurs dénommée Sant'Andria.
Saint André, reconnaissable à sa croix, apparaît aux côtés d'autres saints au pied de la Vierge ou du Christ.
LES EDIFICES CONSACRES A SAINT ANDRE
Dans son livre Corsica sacra (pp 53-54), Geneviève Moracchini-Mazel répertorie les sanctuaires actuels suivants :
En Haute corse : Biguglia, Campana, Crocicchia, Ersa, Loreto, Olcani, Oletta, Omessa, Penta di Casinca, Poggio di Nazza, Rutali, Sant Andrea di Bozio, Sant Andrea di Cotone, Scolca, Serra di Fiumorbo, Speloncato, Santa Maria di Lota, Tallone.
En Corse du Sud : Lecci, Piana, Sant'Andria d'Orcino, Sant'Andria di Tallano, Sorbollano.
HAUTE CORSE
Eglises et chapelles
La façade classique, ornée de 4 pilastres et d'un fronton triangulaire est éclairée par deux verrières honorant St François d'Assise (existence jadis d'un couvent de franciscains).
Un bel appareillage de schiste entoure la porte.
"Les habitants de cette paroisse ont mis à bas, en l'an 1855, cette chapelle fondée à une époque plus ancienne et, aux prix de grands efforts et grandes dépenses, l'ont rebâtie magnifiquement."
Les initiales du peintre MAR. ANT D S 1655 figurent en bas de la croix de Saint André.
On ignore la date de cette ancienne église paroissiale isolée à l'Est du hameau de Ferragini.
Située entre Penta et Castellare cette petite chapelle en ruines est très ancienne. Lors de travaux de consolidation on y a trouvé des morceaux de tuiles romaines.
On remarque les blocs monolithes aux angles, technique rare en Corse et ancienne (voir le site corse-romane.eu)
CORSE DU SUD
Eglises et chapelles