SAINT MARTIN 1 (janvier 2021-mise à jour octobre 2023)

 

 

Comme l'indique le calendrier, le 11 novembre on commémore l'armistice.

Or ce jour-là est aussi la saint-Martin.

 

Voyons comment et où, en Corse, on célèbre le culte de ce personnage historique qui, une fois n’est pas coutume, n’a pas été martyrisé de toutes les manières.

 

Disons d’abord comme il est populaire : selon Louis Réau (op.cit.) plus de 5000 édifices, plus de 300 communes portent son nom en France. Il est le patron de villes aussi diverses que Tours, Buenos Aires, Mayence, Utrecht, Lucques, Martina Franca en Italie.

 

Tous les pays d’Europe lui ont consacré des édifices, de grands artistes ont illustré des épisodes de sa vie et de sa légende. On l’a parfois nommé le 13e apôtre.

  

C’est le nom de famille le plus porté en France.

 

Mais surtout qui n’a pas entendu parler de la charité de Saint Martin qui partagea son manteau avec un pauvre ?

 

Le mot chapelle vient du nom chape par référence au manteau de saint Martin, une des reliques les plus vénérées au Moyen Age.  Même chose pour la Sainte-Chapelle de Paris où la cappella du saint était conservée. Le nom de la dynastie des Capet provient de la même étymologie.

 

Qui est ce personnage qui symbolise si bien la charité?

 

SA VIE SON OEUVRE ET SES MIRACLES

 

D’où vient-il ?

 

Sulpice Sévère*, un de ses disciples et ami, dans sa Vie de Martin,et Jacques de Voragine (La Légende dorée) vont nous en dire plus. Martin est sans doute le seul saint a avoir eu sa biographie de son vivant.

 

Martin est né à Sabaria, en  Pannonie (l’actuelle Hongrie), vers 317 dans une famille païenne ; son nom vient du dieu de la guerre Mars car son père le destinait à une carrière militaire. Très tôt il est attiré par la doctrine chrétienne. Au IVè s.,  l'Eglise chrétienne est enfin libre depuis 313 grâce à l'Edit de Milan de l'empereur Constantin. Il en est fini des martyres et des persécutions et de la clandestinité. Et bonjour les dissenssions....

 

Martin grandit en Italie, à Pavie, la ville d’origine de son père, tribun militaire dans la légion romaine. Puis il devient lui-même soldat de l’armée romaine, un peu contraint et forcé semble-t-il. Il avait dû approcher des milieux catholiques et tout jeune déjà rêvait d'une vie d'ermite.

 

*Sulpice Sévère (ca 363- 410/420) était un avocat de Bordeaux, jeune, beau, riche et aimant les plaisirs. Un jour il fut touché par la grâce, vendit tous ses biens. Il se rapprocha de Martin et devint son ami et son biographe.

Sulpice était aussi très lié à Paulin né à Bordeaux, de même condition, qui lui aussi se convertit et fut baptisé. 

Il s'agit de l'évêque Paulin de Nole (353-431) qui apparaît en Corse sur un tableau de Marc'Antonio De Santis, dans l'Oratoire Saint-Roch de Bastia en compagnie de Tobie et de l'ange Raphaël (voir notre page).  

 

Nocario (Castagniccia) - Chapelle Saint-Martin
Nocario (Castagniccia) - Chapelle Saint-Martin

 

C’est alors que se produit le fait marquant de sa légende : comme, par une nuit d’hiver de l'an 337, il fait une ronde à Amiens, sa ville de garnison où la garde mobile impériale protège les frontières des Barbares - il est circuitor chargé des rondes et de la surveillance des infractions - il croise la route d’un mendiant éclopé transi de froid avec qui il partage son blanc manteau de soldat (la chlamyde, qui distinguait ces soldats d'élite de la garde impériale appelés candidati "vêtus de blanc"). Il n’a guère plus de 18 ans.

 

Eglise Saint Martin - Amiens
Eglise Saint Martin - Amiens
Van Dyck (1618) - Zanetem (Belgique)
Van Dyck (1618) - Zanetem (Belgique)
B.Nigro (1556) Détail polyptyque - Eglise San Giorgio di Modica
B.Nigro (1556) Détail polyptyque - Eglise San Giorgio di Modica

Carpaccio (1480-90) - détail polyptyque - Zadar (Croatie)
Carpaccio (1480-90) - détail polyptyque - Zadar (Croatie)
G.Mansueti (1500) - Museo Correr (Venise)
G.Mansueti (1500) - Museo Correr (Venise)

 Chapelle de BERAM (Croatie) détail des fresques 16e s.
Chapelle de BERAM (Croatie) détail des fresques 16e s.

 

La Légende dorée ajoute que la nuit suivante, le Christ lui apparut vêtu de son manteau. Se tournant vers les anges autour de lui il dit : "Martin, qui n'est encore que catéchumène * m'a couvert de son manteau" (Martinus, adhuc catechumenus, hac me veste contexit)

 

* qui se prépare au baptême.

 

Sur certaines représentations de la scène du partage du manteau, le mendiant porte un nimbe.

 

Autre épisode rapporté par Jacques de Voragine : deux anges accoururent pour couvrir de bracelets d'or ses bras nus, dépourvus de son manteau. 

 

Cet épisode est souvent mis en relation avec les paroles du Christ au Jugement dernier, s'adressant aux Justes qu'il a placés à sa droite (Evangile selon Saint Matthieu, 25,31-46) : "Tout ce que vous faites à ces petits, qui sont mes frères, vous me le faites à moi".

 

 

 

Quand l'armée romaine se déplace à Trêves pour engager la guerre contre les Barbares, Martin défile devant l'Empereur avec ses camarades pour toucher le donativum (sorte de prime au combat) ; il déclare qu'il ne veut pas combattre et veut se consacrer à son destin de soldat du Christ.

Martin premier objecteur de conscience, a-t-on pu lire ...

 

Vers 356, après avoir quitté l’armée, où il serait resté 25 ans, il reçoit le baptême et se rend à Poitiers où il est nommé exorciste (espèce de portier, le bas de la hiérarchie) auprès de l’évêque Hilaire, très renommé dans la chrétienté.

Alors qu'il est en chemin pour retrouver ses parents en Pannonie et leur dire adieu avant de se retirer du monde, il croise des brigands qu'il convertit plus ou moins, puis le diable lui-même qu'il fait fuir ! ces incidents sont légion dans son histoire.

 

 

Une autre fois, victime d'une chute et gravement blessé, il est sauvé par un ange, que l’on voit parfois à ses côtés.

 

Palasca-Balagne Haute Corse
Palasca-Balagne Haute Corse

 

Toute sa vie Martin fut très actif contre toutes les formes de paganisme et d’hérésie, l’arianisme par exemple, qui rejette le dogme de la Trinité.

 

Arius et ses disciples divisèrent profondément et durablement l'Eglise.

 

 

L'évêque et l'évangélisateur 

 

En 370 il est nommé évêque de Tours, là encore contre son gré d'homme qui aspire à une vie retirée, et il continue son œuvre d’évangélisation des campagnes - il a fondé les premiers monastères de Gaule - et sa vie de saint homme. 

 

Souhaitant toujours malgré sa position vivre en ermite, "Martin choisit un lieu solitaire et sauvage à 2km en amont de Tours, sur la rive droite de la Loire. C'est là que devait s'établir le grand Monastère de l'Evêque, Marmoutier. Là, il vécut dans une cabane en bois, puis dans une grotte, bientôt rejoint par quatre-vingt disciples venus se former, qui eux aussi, logeaient dans des grottes. Personne ne possédait rien en propre, tout était mis en commun. Les moines n'avaient pas le droit de commercer, le seul art exercé était celui de copiste, ils vivaient dans la solitude, qu'ils rompaient seulement pour prendre leurs repas et prier ensemble. Martin vivait comme ses disciples, il n'avait qu'un lit de cendres dans sa cellule" (Vie de Saint-Martin).

 

 

A cette époque (IVè-Vè s.), les rites et superstitions païens imprègnent encore beaucoup le pays. Martin accomplit un travail impressionnant parcourant inlassablement villes et villages, ses incessants déplacements étant marqués d'événements remarquables comme les rapportent Sulpice Sévère et un certain Gallus de ses amis : mise à bas d'un édifice païen, destruction au péril de sa vie d'un arbre divinisé etc.

 

Les campagnes en particulier étaient très en retard sur les villes. On y croyait à l'animisme. Avec Martin, on passe de la religion naturelle à la religion spirituelle. Disparition des idoles, développement de la liturgie.

 

Sous l'action de cet évêque ambulant *, les habitants des pagi (les pays) cessent d'être des pagani (païens).

 

*L'expression est de Régine Pernoud, Martin de Tours, Bayard, 1996.

 

Ce serait sous son impulsion que seraient nées les paroisses (du grec paroikia la maison) : une petite collectivité regroupée autour d'un clocher. 

 

 

En même temps, une culture chrétienne est en train de s'élaborer avec les grands penseurs de l'Eglise d'Orient et de l'Eglise d'Occident :

Les Pères grecs, Saint Basile, Saint Grégoire de Nazianze, Saint Jean Chrysostome ;

Les Pères de l'Eglise d'Occident : Saint Jérôme, le traducteur de la Bible en latin (la Vulgate), Saint Augustin (voir notre page), Saint Ambroise de Milan qui baptisa saint Augustin.

 

 

 

Aregno - Chapelle de la Trinité - Les 4 docteurs de l'église : de gauche à droite, Augustin, Grégoire, Jérôme et Ambroise - fresque de 1458
Aregno - Chapelle de la Trinité - Les 4 docteurs de l'église : de gauche à droite, Augustin, Grégoire, Jérôme et Ambroise - fresque de 1458

La mort

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il meurt le 8 novembre 397 dans la bourgade de Candes, sur un lit de cendre  et est enterré le 11 novembre à Tours.

On raconte que lors du transfert du corps, les prés se mirent à verdir et les fleurs éclorent sur son passage.

Couvent Saint-Dominique (Corbara)
Couvent Saint-Dominique (Corbara)

 

Paroles de Saint Martin s'adressant à ses frères avant sa mort :

 

 

 

.si adhuc populo tuo sum necessarius, non recuso laborem ...

 

 

... Seigneur si je suis encore nécessaire à ton peuple, je ne refuse pas de souffrir


 

Le culte

 

 

Très tôt de son vivant, sa réputation de thaumaturge a grandi  ainsi que le nombre de miracles qu’on lui attribue et dont Voragine s’est fait le chantre.

 

 

 

"Partout où le Christ est connu, Saint Martin est vénéré" (cit. L. Réau).

 

Son culte s’est répandu dans toute l’Europe dès le Moyen Age. Il est parfois appelé le treizième apôtre. Historiquement Clovis fit de lui le seigneur tutélaire des Mérovingiens, symbole de l'unité franque. Ainsi la légende s’est enrichie de mille anecdotes où le futur saint a déjoué les pièges du diable et accompli des miracles.

 

La Légende dorée raconte par exemple qu’ayant entrepris un voyage à Rome, Martin voit son âne dévoré par un ours pendant la traversée des Alpes ; Martin contraint alors l’ours à porter ses bagages jusqu’à Rome.  

 

Ainsi quand on parle de l’âne Martin ou de l’ours Martin, il faut comprendre l’âne ou l’ours DE Martin, le français médiéval omettant la préposition qui relie le nom et le complément du nom, comme le génitif latin. Rappelons aussi l’expression courante : Il y a plus d’un âne qui s’appelle Martin…

 

Un jour, voyant des oiseaux pêcheurs se disputer des poissons, il explique à ses disciples que les démons se disputent de la même manière les âmes des chrétiens. Ces oiseaux prirent ainsi le nom de l'évêque ; ce sont les martins-pêcheurs (Wikipedia). Rappelons aussi son "baiser au lépreux" qu'il guérit lors de son passage à Paris.

 

Mais son acte le plus célèbre, auquel nous consacrerons un chapitre  plus loin, est un acte de charité, un geste simplement humain.

 

LE CULTE POPULAIRE

 

La  fête de la Saint-Martin était étroitement liée au calendrier rural.

L’entrée dans l’hiver donnait lieu à des fêtes et des réjouissances : les paysans tuaient le cochon et faisaient de grands feux. C’est alors qu’on payait les dettes, les loyers et les redevances de l’année.

 

Ce jour-là, on mangeait traditionnellement une oie. Selon la légende, Martin s’étant caché au moment où l’on venait lui annoncer  son élection comme évêque de Tours, une oie l’aurait découvert en caquetant devant sa cachette !

 

Palasca  - Sancte Martine ora pro nobis
Palasca - Sancte Martine ora pro nobis
Rospigliani - Sancte Martinu ora pro nobis
Rospigliani - Sancte Martinu ora pro nobis

 

Quand l’arrière-saison est belle, on parle encore aujourd’hui "d'été de la Saint-Martin". La légende veut que lors du transfert de son corps à Tours, les fleurs auraient éclos sur son passage, d’où l’expression.

En Corse, Saint Martin est très populaire et plusieurs édifices lui sont consacrés.

On fête encore la Saint-Martin, comme à Patrimonio où son nom comme dans beaucoup d’autres lieux, est associé à la fête des vendanges (Martin rimant avec vin !).

 

Patrimonio - La fête de la Saint Martin (photo Corse-Matin 2019)
Patrimonio - La fête de la Saint Martin (photo Corse-Matin 2019)

 

A Santa Lucia di Tallano autrefois pour les vendanges on plaçait deux petites croix consacrées à Saint Martin sur les dernières grappes devant être pressées. Pour avoir une belle récolte il fallait prononcer le nom du saint en entrant dans la vigne. 

 

 

EGLISES ET CHAPELLES SAINT-MARTIN EN CORSE

 

HAUTE CORSE

 

Eglise San Martino di Lota (Région Bastia)
Eglise San Martino di Lota (Région Bastia)
Ch St Martin - Canavaggia (Région Bastia)
Ch St Martin - Canavaggia (Région Bastia)

Ruines Chapelle St Martin - Carcheto-Brustico (Castagniccia) - Cliché Corse-romane .eu
Ruines Chapelle St Martin - Carcheto-Brustico (Castagniccia) - Cliché Corse-romane .eu
Ch St Martin - Nocario (Castagniccia)
Ch St Martin - Nocario (Castagniccia)

Chapelle Saint-Martin - Scata (Lumito) - Castagniccia
Chapelle Saint-Martin - Scata (Lumito) - Castagniccia
Eg. St Martin - Sisco (Cap Corse)
Eg. St Martin - Sisco (Cap Corse)
Ch St Martin - Meria (Cap Corse) cliché corse-romane.eu
Ch St Martin - Meria (Cap Corse) cliché corse-romane.eu

Eglise St Martin - Canale di Verde (Costa Verde)
Eglise St Martin - Canale di Verde (Costa Verde)
Eglise St Martin - Vescovato (Casinca)
Eglise St Martin - Vescovato (Casinca)

Ch St Martin - Erbajolo (Cortenais) - Cliché corse-romane.eu
Ch St Martin - Erbajolo (Cortenais) - Cliché corse-romane.eu
Ch St Martin - Bisinchi (Espagu - Cortenais) - Cliché corse-romane-eu
Ch St Martin - Bisinchi (Espagu - Cortenais) - Cliché corse-romane-eu

Eglise St Martin - Erone (Cortenais)
Eglise St Martin - Erone (Cortenais)
Erbajolo (Cortenais) Chapelle Saint-Martin-cl.corse romane
Erbajolo (Cortenais) Chapelle Saint-Martin-cl.corse romane
Eglise St Martin - Rospigliani (Cortenais)
Eglise St Martin - Rospigliani (Cortenais)

Ch St Martin - Morosaglia (Ponte-Leccia - Cortenais)
Ch St Martin - Morosaglia (Ponte-Leccia - Cortenais)
Ch St Martin - Rapale (Haut Nebbiu) - Cliché corse-romane.eu
Ch St Martin - Rapale (Haut Nebbiu) - Cliché corse-romane.eu
Ch St Martin - Santa Lucia di Mercurio (Cortenais)
Ch St Martin - Santa Lucia di Mercurio (Cortenais)
Eglise St Martin - Patrimonio (Haut Nebbiu)
Eglise St Martin - Patrimonio (Haut Nebbiu)

A Montemaggiore (Balagne) au lieu-dit San Martino on peut voir les ruines d'une chapelle pisane et d'une nécropole.

 

CORSE DU SUD

 

 

Eglise St Martin - Evisa (Région Ajaccio)
Eglise St Martin - Evisa (Région Ajaccio)
Eglise St Martin - Cuttoli Corticchiato (Région Ajaccio)
Eglise St Martin - Cuttoli Corticchiato (Région Ajaccio)

Eglise St Martin - Tavaco (Région Ajaccio) Source : ajaccio-tourisme.com
Eglise St Martin - Tavaco (Région Ajaccio) Source : ajaccio-tourisme.com
Tavaco - Eglise Saint-Martin - cl.m3c univ. Corse
Tavaco - Eglise Saint-Martin - cl.m3c univ. Corse
Eglise St Martin - Letia (Région Ajaccio) Source : rando-patrimoine.corsica
Eglise St Martin - Letia (Région Ajaccio) Source : rando-patrimoine.corsica
Letia linteau de la porte-1884 : Ave Sancte Martine ora pro nobis
Letia linteau de la porte-1884 : Ave Sancte Martine ora pro nobis

 

L'église de Tavaco a été construite en 1599 pour commémorer la victoire des habitants sur les Maures.

 

Elle fut d'abord dédiée à Notre-Dame de la Victoire et rénovée pour partie en 1870.

 

Eglise St Martin - Sari d'Orcino (Région Ajaccio)
Eglise St Martin - Sari d'Orcino (Région Ajaccio)
Eglise St Martin - Sotta (Région Sartène - JF Pinault via clochers.org
Eglise St Martin - Sotta (Région Sartène - JF Pinault via clochers.org
Ancienne église St Martin - Sotta (Région Sartène) corse-romane.eu
Ancienne église St Martin - Sotta (Région Sartène) corse-romane.eu

Eglise St Martin - Ste Lucie de Tallano (Région Sartène) - Cliché MH
Eglise St Martin - Ste Lucie de Tallano (Région Sartène) - Cliché MH

 

 

A Cargèse (Paomia), les moines basiliens de  l'ancien couvent  ont reconstruit au 17e s. la chapelle Saint-Martin, qu'ils ont dédiée à La Nativité de  la Vierge.

 

Ils en respectent le plan roman et la font orner de stucs (1688-1689) par le stucateur Giovan Battista Ramelli d'Erbalunga (selon la notice MH).

 

 

Les oeuvres qui ornent les églises montrent quelquefois Saint Martin en soldat romain. Mais il sera le plus souvent représenté en évêque de Tours avec la mitre et la crosse. 

 

SAINT MARTIN SOLDAT

 

Antisanti (Cortenais)
Antisanti (Cortenais)
Lumio (Balagne)
Lumio (Balagne)

Urtaca (Haut Nebbiu)
Urtaca (Haut Nebbiu)
Valle di Campoloro (Castagniccia)
Valle di Campoloro (Castagniccia)

Poggio di Nazza (Cortenais) - Ex voto guerre 14/18
Poggio di Nazza (Cortenais) - Ex voto guerre 14/18
Poggio di Nazza
Poggio di Nazza

LA CHARITE SAINT MARTIN

 

 

L’image la plus populaire du saint est  bien entendu celle du partage du manteau. Représenté le plus souvent sur son cheval, on le voit trancher l’étoffe d’un coup d’épée.

 

Mais pourquoi seulement la moitié du manteau ? Parce que si l’armée fournissait la chlamyde à ses soldats, ceux-ci devaient en payer la moitié, le reste étant propriété de l’armée.

 

Ainsi le soldat Martin n’a donné que ce qui lui appartenait en propre. Charitable et honnête.

 

 

 

Bastia - Cathédrale Sainte-Marie - Anton Benedetto Rostino (peintre bastiais 1750-1821) - 1806
Bastia - Cathédrale Sainte-Marie - Anton Benedetto Rostino (peintre bastiais 1750-1821) - 1806

 

Ce tableau de la Cathédrale Sainte-Marie, à Bastia, représente la charité de Saint Martin entre Saint Isidore, le laboureur, et Sainte Zita, trois saints liés à la ruralité. Ils invoquent la Vierge et l'Enfant pour les âmes du Purgatoire. Le geste de Sainte Zita qui désigne les âmes, est explicite.

 

Signé et daté de 1806, il est l'oeuvre d'Anton Benedetto Rostino. Selon M.-E Nigaglioni* ce tableau a son histoire : dans l'Eglise Saint-Joseph des Servites de Marie à Bastia, existait une chapelle entretenue par la corporation des jardiniers et des vignerons "Agricolarum societas" comme l'indique le cartouche du retable, ce qui explique l'iconographie et les saints choisis dans l'oeuvre. Le tableau qui la décorait figure dans l'inventaire des biens de l'église en 1763.

 

Avec la Révolution, les Servites** sont expulsés, l'église et ses trésors dévastés, pillés ou déplacés. On retrouve le retable à Sainte-Marie, le style et l'iconographie en font un transfuge de l'Eglise des Servites. Mais ce n'est pas le tableau d'origine. Rostino aurait été trop jeune pour le peindre !  Il est possible que le peintre ait été mandaté au XIXè s. pour refaire un tableau similaire. Voir le détail de l'analyse très stimulante de M.-E. NIgaglioni dans l'ouvrage cité ci-dessous.

 

 

* Encyclopédie des peintres (op.cit.) et Les peintres de l'école corse et l'Ordre des Servites de Marie, ch. X in Les Servites de Marie en Corse, sous la direction de Jean-Christophe Liccia (Alain Piazzola, 2000)

 

** voir notre page Les Couvents des Servites de Marie en Corse

 

Casaglione (Région Ajaccio)
Casaglione (Région Ajaccio)

 

Sur ce tableau anonyme du début du XVIIe s.,  la Vierge et l'Enfant trônent sur une cathèdre, accompagnés du petit Saint Jean-Baptiste ; à gauche au premier plan, l'évêque San Frediano (Fridien), patron de Lucques en Italie et titulaire de l'église de Casaglione.

 

 

 

 

 

 

 

 

A droite, la charité de Saint Martin à un infirme unijambiste ; le jeune soldat porte une toque à plume, un habit orné d'une fraise comme  au XVIIe s.


 

Une inscription en bas de la toile nous apprend que cette oeuvre a été commandée en 1614 par Mercure de Casaglione, notable du village.

 

 

Profitons de cette incursion à Casaglione pour présenter un autre trésor :  un tableau original commandé par le même Mercure ... qui a été présenté à l'exposition sur les Confréries du Musée de Corte.

 

 

Autres représentations de la Charité de Saint Martin :

 

Patrimonio   (Nebbiu)
Patrimonio (Nebbiu)
Sa Martino di Lota (Région Bastia)
Sa Martino di Lota (Région Bastia)

 

Ces décors de voûte à Patrimonio et à Santa Maria di Lota sont l'oeuvre d'Antonio Morazzani né en 1842 à Moltifao, qui a oeuvré aussi à Asco pour la Saint Michel (cf notre page sur l'église Saint-Michel d'Asco et l'Encyclopédie de  M.-E. Nigaglioni, op.cit, pp. 249-251)  et dans plusieurs autres églises.

 

Canale di Verde (Costa Verde) - Peinture de A.F. Alberti (19e s.)
Canale di Verde (Costa Verde) - Peinture de A.F. Alberti (19e s.)
Sisco (Cap Corse) - Partie du retable - Saverio Farinole  1710
Sisco (Cap Corse) - Partie du retable - Saverio Farinole 1710
Speloncato (Balagne) - Gravure
Speloncato (Balagne) - Gravure

Sisco - Retable - Saverio Farinole 1710
Sisco - Retable - Saverio Farinole 1710
Silvareccio (Castagniccia)
Silvareccio (Castagniccia)
Sorbollano (Région Sartène)
Sorbollano (Région Sartène)
Sari d'Orcino - cl. Dignois
Sari d'Orcino - cl. Dignois
Volpajola (Région Bastia)
Volpajola (Région Bastia)

Scata (Castagniccia)
Scata (Castagniccia)
Letia Eglise Saint-Martin : peinture murale et statue du saint-à droite la Visitation.
Letia Eglise Saint-Martin : peinture murale et statue du saint-à droite la Visitation.

 

Dans l'église Saint André d'Omessa, en déposant le beau Rosaire de Francesco Carli de son autel, l'équipe de restauration d'Ewa Poli a mis à jour, en 2014, une fresque de grande qualité picturale et jamais retouchée.

 

Oeuvre de Giovanni da Piemonte, peintre toscan disciple de Piero della Francesca, elle est datée du XVe siècle par les spécialistes qui y voient un témoignage exceptionnel de la peinture corse de cette époque.

 

Dans la partie haute est représenté un jeune homme à pattes d'oiseau à qui saint Martin donne un pan de son manteau. Il pourrait s'agir d'un jeune lépreux. Car les malades du Moyen Age étaient munis d'une crécelle comme on sait mais aussi d'une patte d'oie pour les distinguer des gens bien portants.

 

voir notre page consacrée à Omessa

 


 

 

 

 

Voir notre page sur la Charité 

 

FIN SAINT MARTIN I

 

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