Personnage important de la chrétienté, Jean l'évangéliste est le disciple préféré du Christ et l'auteur du 4è Evangile canonique. Sa légende
lui prête une vie longue et bien remplie.
Ainsi son iconographie le montre tantôt comme un très jeune homme tantôt comme un vénérable vieillard.
LE DISCIPLE PREFERE
Frère de l'apôtre Jacques le Majeur et fils de Zébédée le pêcheur, il suit l'enseignement de Jean-Baptiste et il est appelé par le
Christ pour rejoindre les apôtres. C'est ainsi qu'il participe à la plupart des événements de la vie de Jésus :
Les Noces de Cana, la Transfiguration ((Mt 17,1-9, Mc 9,2-13, Lc 9,28-36), la Dernière
Cène, la Crucifixion où Jésus lui confie sa mère, qu'il ramènera à sa mort à Ephèse, la Pentecôte, l'Assomption de la Vierge ... Dans la Dernière Cène on peut s'étonner de l'attitude du jeune
apôtre, appuyé à Jésus, voire pratiquement couché sur lui. Une explication serait que Pierre aurait demandé à Jean de questionner le Christ sur l'identité du traître, d'où cette
proximité.
Le lien très étroit entre Jésus, sa mère et Jean est patent à Cargese
ou dans cette superbe croix de procession vue à Pie d'Orezza :
Comme on le voit dans ce magnifique triptyque de l'Assomption conservé dans l'église du couvent Saint-François de Canari,
Jean est parfois représenté une palme à la main, non pour son martyre mais parce que la légende veut qu'un ange la lui aurait apportée alors qu'il veillait le cercueil de la
Vierge.
Après la mort du Christ, Jean parcourt le monde pour évangéliser les peuples, à l'instar de ses compagnons, avec Pierre
en particulier : Judée, Asie Mineure ...
LE MARTYRE DE SAINT JEAN
Alors que l'apôtre se trouve à Rome, il subit la persécution de l'empereur romain Domitien (51-86). En
fait il n'est pas vraiment un martyr puisqu'il sort sain et sauf de la cuve d'huile bouillante dans laquelle il a été plongé. La scène se passe à la Porte latine qui donnait accès au
Latium.
Ailleurs
L'AIGLE DE PATMOS
Accusé de magie, Jean est exilé sur l'île de Patmos, une île grecque du Dodécanèse sur la mer Egée, qui aurait servi de lieu de
déportation aux Romains.
Là, abrité dans une grotte, il a la vision de l'Apocalypse ; alors aidé d'un aigle
qui lui sert de lutrin, il aurait écrit l'Apocalypse (= révélation) vers 95. Tout ceci a été largement mis en doute par les exégètes. Mais l'histoire est belle.
C'est vers le Vè s. qu'on commence à associer Jean à l'aigle.
Jean a cette vision d'un livre scellé de sept sceaux"écrit en dedans et en
dehors"
Le tétramorphe : comme le lion, l'ange et le taureau sont les symboles de Marc, Matthieu et Luc(voir nos pages),
l'aigle est le symbole de Jean, lui-même surnommé l'aigle de Patmos.
LA COUPE AU SERPENT
A la mort de l'empereur Domitien, Jean revient à Ephèse où le grand-prêtre de Diane l'arrête et
l'oblige à ingurgiter une coupe de poison. Jean sort indemne de l'épreuve.
Devenu évêque d'Ephèse, il y vivra jusqu'à 90 ans, âge où il aurait écrit son
Evangile.
L'EVANGELISTE
"Au commencement était le Verbe..." : ce sont les premiers mots de l'Evangile selon Saint Jean.
Comme Marc, Matthieu et Luc(voir nos pages),reconnaissables chacun par leur symbole du tétramorphe, Jean est représenté on l'a vu, avec un
aigle, une coupe dissimulant un serpent ou avec son évangile, et souvent avec tous ces symboles à la fois.
Dans les chapelles à fresques du XVè s. Jean est le seul saint personnage qui figure deux fois dans le programme iconographique : comme
l'un des Quatre vivants qui entourent le Christ Pantocrator (vision de l'Apocalyse), sous la forme d'un aigle et également dans le collège apostolique représenté dans le bas de
l'abside où hélas, Jean n'est pas toujours identifiable.
Ce tableau ayant été endommagé lors d'un incendie, Madeleine Allegrini l'incontournable restauratrice en Corse, découvrit en le réparant,
une date : 1771 et une signature Mattia di Mare, peintre de l'Ecole romaine originaire de Naples (1).
(1) C'est Michel-Edouard Nigaglioni qui relate les faits dans son article Peintres d'Italie continentale et commanditaires corses aux
XVIIè et XVIIIè siècles, in BSSHNC 760-761, pp 264-266.