SAINTE MARGUERITE 2
MISE A JOUR AOUT 2020
FOCUS SUR SAINTE MARGUERITE DE CARCHETO
(Castagniccia)
Située dans l'ancienne pieve d'Orezza, la commune de Carcheto a fusionné avec la commune voisine de Brustico.
Sa magnifique église est visible de toute la micro vallée et sa façade est un modèle de l'art baroque insulaire.
Construite au XVIIe s. par des artisans de la région, elle figure au Plan Terrier de 1776, reçoit la visite de Mgr Mascardi en 1589 et figure aux Monuments historiques depuis 1976.
site:
http://www.castagniccia.fr/pages.html/carchetobrustico.html
Le maître-autel d'Ignazio Saverio Raffalli le Vieux 1756
Les Raffalli sont une dynastie de maîtres stucateurs et peintres originaires de Piedicroce (17e-18e s.). L'oeuvre est datée (MDCCLVI) et signée.
Cet autel très ornementé, riche en courbes et volutes et typique de l'esthétique baroque est fait de pierre et de stuc à l'apparence du marbre, comme on en trouve tant dans nos églises.
De forme "tombeau" il présente trois gradins incurvés surmontés d'une corniche chantournée.
L'autel qui écrase le Mal repose sur deux monstres qui font office de pieds. Entre eux, Ste Marguerite est étendue.
Sur le cartouche chantourné de l'autel, entouré de rinceaux de stuc, figurent la palme, la marguerite et le crucifix attributs de Marguerite.
Ci-dessous, le cartouche sommital de l'autel : "une perle précieuse a été trouvée". A noter le dragon au centre et les angelots indicateurs qui guident le regard des fidèles
Dans un grand médaillon ovale, un décor de voûte peint par Giacomo Grandi en 1762. Ce médaillon a été restauré en 2011.
Les autels de Carcheto sont exemplaires de l'esthétique baroque où tout est signifiant. On lira à ce sujet l'ouvrage de référence de Nicolas Mattei : le Baroque religieux en Corse (op.cit.)
Le grand tableau du maître-autel (2m50 sur 1m97), figure dans les nues une Vierge au lait (Madonna al latte) entourée d'angelots.
Au centre Sainte Marguerite brandit le crucifix et tient la palme des martyrs ; à ses pieds le dragon.
A gauche st Jean-Baptiste et l'agneau ; st Pierre avec ses clés ; à droite st Marcel en pape avec sa tiare et sa croix à triple traverse ; st Antoine de Padoue et la fleur de lis.
En bas à gauche, on distingue peut-être les instruments du martyre de Marguerite (torche enflammée, fers ?).
Le tableau ci-dessus a pour modèle la toile de Giovanni Bilivert (1585-1654) peintre d'origine flamande exerçant à Florence, qui orne l'Oratoire de la Sainte-Croix à Bastia.
Le cadre de bois doré dessiné par le peintre Nicolao Castiglioni actif en Corse également, date de 1642 et a été commandé par la Confrérie de la Sainte-Croix.
M.-E. Nigaglioni a répertorié en Corse au moins 8 répliques de ce tableau.
"Attritus est propter scelera nostra" - "[le Christ] a été broyé à cause de nos actes scélérats" Isaïe 53-5
D'autres artistes de renom ont oeuvré pour l'église de Carcheto. Francesco Carli qui a réalisé en 1790 les stations du chemin de croix. (des restaurations sont prévues) ; Giacomo Grandi, cité plus haut, pour les peintures monumentales et le tableau de l'Immaculée Conception ; Domenico Desanti ; Casalta ...
Francesco Carli s'est inspiré de la société corse : on voit des pleureuses par exemple.
L'orgue et ses deux vantaux peints
L'orgue est peut-être du XVIIIe s. Les volets du buffet sont ornés de musiciens (anges ? Cécile et David ?) et de motifs décoratifs peints sur toile. Sur le côté gauche est gravé un nom : Boschetti (?).
Ce "tempietto" provient sûrement des ateliers de moines franciscains qui au XVIIIe s. ont réalisé des oeuvres magnifiques visibles dans beaucoup de nos églises. 8 colonnettes, niches avec statues des Evangélistes, base godronnée le tout en bois doré et polychrome.
Cette chaire typique des Raffalli présente des cartouches décoratives ou éducatives : Qui ex deo est verba Dei audit (...) Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu) Evangile selon St Jean 8,47
Bénitiers
La Vierge couronnée porte l'Enfant et tient un sceptre. Jésus s'accroche joliment au corsage de sa mère dont on remarque la finesse : guimpe, plis de la robe. Finesse aussi des traits et des bandeaux qui entourent le visage de Marie. Naturel du déhanchement et du genou plié.
Quelques Sainte Marguerite glanées au fil de nos visites ...