MISE A JOUR AOUT 2020 - octobre 2023
SAINTE MARGUERITE 1ère partie
Sainte Marguerite d'Antioche (ou Sainte Marine) est une sainte légendaire qui n'est pas fort représentée en Corse.
Mais elle est la patronne d'une des plus belles églises de Corse : celle de Carcheto en Castagniccia.
Sans ignorer la belle église de Cambia, celle de Zoza et quelques chapelles.
Dans Corsica Sacra (pp 170-171 op.cit.) G. Moracchini-Mazel écrit qu'une dizaine de sanctuaires lui furent dédiés dès le Xe S. , certains arasés, d'autres reconstruits sous d'autres vocables.
Eglises & chapelles Sainte-Marguerite en Corse
À l'origine, la paroisse dédiée à Sainte Marguerite passa à Saint Philippe Neri en 1622, sur l'intervention de Monseigneur Giovanni Mascardi,
évêque du Nebbiu. L'église ne fut consacrée qu'en 1724 par Mr Gaétano Aprosio.
Selon G. Moracchini-Mazel la chapelle de Sorio illustre l'affadissement de la sculpture romane au XIIIe s. (op.cit.p.158)
Ste Marguerite est l'une des voix entendues par Jeanne d'Arc en 1425 à Domrémy avec celles de St Michel et de Ste Catherine.
Une tueuse de dragon
On les appelle les saints "sauroctones", ceux qui comme Marguerite, Michel (voir notre page) et Georges sont des tueurs de dragons.
La présence du dragon (ou serpent) dans l'imaginaire (mythes et religions) est suffisamment riche et ambivalent pour qu'on y revienne.
La légende de Marguerite d'Antioche
C'est par les Grecs (elle est le doublon de sainte Pélagie) et par la Légende dorée de Jacques de Voragine, qu'elle s'est répandue.
Cette jeune fille de bonne famille (son père Aedesius était un prêtre païen) serait originaire d'Antioche (Pisidie) dans l'actuelle Turquie et vécut vers 270 sous l'empereur Dioclétien.
Elle gardait les moutons avec sa nourrice, une chrétienne qui la convertit après quoi son père la chassa.
Un jour le gouverneur d'Antioche, Olibrius* le bien nommé l'aperçut : coup de foudre, refus de la belle, colère du méchant, prison, sévices. Le scénario est connu.
*L'Olibrius qui a a donné son nom à un individu fanfaron, bizarre voire cruel dans le lexique commun, serait plutôt celui d'un gouverneur des Gaules qui aurait persécuté Sainte Reine et que les Mystères du Moyen auraient copieusement moqué.
La présence des deux saints est cohérente puisque l'ancienne église paroissiale maintenant en ruines portait le vocable de Sainte Marguerite et que l'actuelle église est dédiée à San Sebastiano. (Voir notre page sur St Sébastien).
Et le dragon ?
Il s'agit bien sûr de Satan qui vint la tenter et qui, devant sa résistance, l'engloutit dans sa grande gueule ; mais la jeune fille se servit du crucifix qui ne la quittait pas, perfora le ventre du monstre, qui creva, la libérant.
Rendu encore plus furieux, Olibrius ne lui ménagea pas les supplices : flagellation, pendaison par les cheveux, plongeon dans l'huile bouillante, avec divers instruments, tenailles, torches enflammées etc. Décapitée pour finir.
Louis Réau (op.cit.) remonte l'origine de la légende et la met en rapport avec les épisodes bibliques de Léviathan, de Jonas dans le ventre de la baleine, de l'Enfer etc. (à suivre)
A cause de l'épisode du dragon, Marguerite a pu être assimilée à la princesse sauvée par saint Georges (voir notre page Saint Georges) ; ainsi on la voit porter une couronne - de perles à l'occasion - puisque "margarita" en latin signifie "perle" avant d'être le nom d'une fleur.
Le dragon - une mutation du serpent - est représenté conventionnellement comme un monstre à la longue queue fourchue, la peau recouverte d'écailles qui font cuirasse. Sa gueule, à l'haleine fétide, largement ouverte, laisse voir des dents aiguisées et une langue bifide.
Sainte Marthe, autre tueuse de dragon (la tarasque de Tarascon) qu'elle occit en l'aspergeant d'eau bénite et qu'elle a ramené à Arles en le tenant en laisse avec sa ceinture, est souvent confondue avec Sainte Marguerite.
Ainsi dans l'Eglise Saint-Michel d'Asco, l'inscription portée sur le piédestal de la statue "Ste Marthe" semble contredite par l'arme employée : le crucifix.
Continuons avec le beau tableau de l'église Santa Margherita de Cambia.
Celle qui sortit du ventre du dragon est devenue la patronne des femmes enceintes ; elle était invoquée par l'intermédiaire de sa ceinture, lors de l'accouchement.
Fin de la 1ère partie.
La seconde partie sera consacrée à l'Eglise sainte Marguerite de Carcheto-Brustico.
Sur les dragons et les démons, voir nos pages sur Saint Michel, Saint Georges.