SAINT SEBASTIEN 1ère partie
Mise à jour septembre 2020
(du grec Σεβαστός (Sebastos)"vénéré" *
Voici encore un saint très populaire que la Corse a célébré par des églises, chapelles, tableaux et statues.
Les édifices en Corse
Selon G. Moracchini Mazel quelques sanctuaires lui étaient consacrés au Moyen Age mais c'est à partir des XIVe et XVe s. que de nombreuses chapelles ont été construites sous son vocable, parallèlement au culte de Saint Roch, pour préserver de la peste.
* Le nom Sébastos fut choisi pour traduire le terme romain d'Auguste donné aux empereurs. C'est ainsi que la ville de Sébastopol est la ville du tsar.
Haute Corse
Cap Corse :
Le campanile ci dessus récemment restauré a la particularité de se situer à 80 m de la chapelle San Salvatore e San Bastianu.
A Barrettali au hameau Li Olmi on garde le souvenir d'une chapelle San Bastianu aujourd'hui disparue.
A Morsiglia, sur la marine de Mute, se dresse une petite chapelle San Sebastiano. Désacralisée, elle a abrité à la fin des années 60 un groupe d'artistes - les Centurions - qui l'ont investie et décorée, sous la houlette du peintre José Lorenzi. Parmi eux, Ange Leccia, maintenant artiste reconnu.
Balagne
La chapelle de Palasca a été restructurée en 1860.
On dit que les femmes du village ont porté sur leur tête les pierres de la façade de l'église paroissiale.
Très récemment lors de la restauration du tableau d'autel de Luigi Brunetti, on a découvert un second tableau sous le premier.
Lire plus bas le récit de cette "bella scoperta"
Nebbiu
BASTIA
CASINCA
Edifiée au Moyen Age, presque ruinée en 1646 (visite de Mgr Marliani) elle a été restaurée au XIXe et au XXe s.
L'église paroissiale de Castellare di Casinca est construite sur un édifice ancien mentionné dès 1646 lors de la visite pastorale de Mgr Marliani ; il servait d'annexe à l'église paroissiale d'origine, Sainte-Marguerite aujourd'hui en ruines (voir notre page sur Sainte Marguerite en Corse).
Vu l'éloignement de l'église Sainte-Marguerite, c'est à l'annexe qu'on baptisait les enfants. Au XIXe s. c'est, selon les archives, le maçon Benedetti Benedetto qui s'occupa de la restauration.
CASTAGNICCIA
Ce sanctuaire (est) dédié au martyr Sébastien
An 1450 construction. An 1690 il est détruit. Réédifié An 1899
La chapelle est signalée par Mgr Marliani lors de sa visite pastorale de 1646
Au hameau de Chigliacci (Sant'Andria di U Cutone), messe, procession, banquet chaque année (Corse Matin 22 janvier 2019).
CORTENAIS
CORSE DU SUD
A Zicavo, l'Association des Amis de San Bastianu perpétue le culte du saint et oeuvre pour la restauration et l'entretien de la chapelle.
Après la peinture extérieure et la toiture, elle espère pouvoir s'attaquer à l'intérieur (Corse Matin, 22 janvier 2019).
A Zigliara aussi le saint est fêté chaque année (Corse Matin id). La chapelle date du milieu du 18e s.
A Zevaco, l'Eglise paroissiale Sainte-Marie est construite sur une chapelle romane San Bastianu.
La légende de saint Sébastien
Sébastien est l'un des martyrs chrétiens les plus connus. Son corps lardé de flèches a inspiré les plus grands artistes, du Moyen Age à nos jours.
Sa légende est racontée dans sa "Passio" datée du Ve s., véritable roman, très long et complètement inventé. Car en vérité, on sait peu de choses de sa vie.
Né à Narbonne au IIIè s. et élevé à Milan dans une famille chrétienne, il devient centurion dans les cohortes romaines sous le règne de l'empereur Dioclétien dont il est un protégé. Il cache sa foi et en vrai soldat de la "militia Christi", il convertit une masse de gens.
Dénoncé et convaincu de prosélytisme auprès de ses camarades, il est saisi et cloué à un poteau sur le Champ-de-Mars de Rome où les archers de l'empereur le criblent de flèches.
"Il en était tellement couvert qu'il paraissait être comme un hérisson". (Jacques de Voragine, La légende dorée tome 1 p.139, éd Garnier-Flammarion)
On ne saurait mieux dire ...
Cette "sagittation" a inspiré les artistes les plus grands comme les plus obscurs, encore aujourd'hui où elle est devenue symbole et emblème.
Dans le tableau de l'église de l'Immaculée-Conception d'Ile-Rousse, Sébastien est soigné par Irène assistée par une servante. L'une des femmes tient un pot à onguent pour soigner les plaies du martyr.
Deux angelots lui tendent déjà la couronne des martyrs.
On croirait un tableau des Gentileschi.
Sébastien est aussi représenté soigné par un ange :
Remis de ses blessures, Sébastien se rend devant Dioclétien à qui il reproche de martyriser les chrétiens. Mauvaise initiative. L'empereur le fait flageller à mort et jeter dans la Cloaca Maxima, l'égout de Rome.
Sébastien devient très vite le troisième patron de Rome après Saint Pierre et Saint Paul. Son culte se développe au Moyen Age comme saint antipesteux à l'instar de Saint Roch. (voir le chapitre consacré aux images de la peste en Corse) Les églises de l'île renferment nombre d'oeuvres où Sébastien figure avec saint Roch.
Selon Louis Réau, les flèches qui devinrent son attribut sont une référence à l'origine légendaire de la peste, née d'une flèche lancée par un dieu irrité.
Dans l'Iliade, c'est Apollon qui déclenche le fléau. Mais Réau ajoute que cette popularité est due sans doute aussi aux grandes épidémies de peste, comme celle qui ravagea Rome en 680 (Louis Réau, op. cit. p. 1192).