SAINT MARTIN II (mise à jour juillet 2023)
SAINT MARTIN EVEQUE
HAUTE CORSE
Une découverte à Palasca en 2015
Chargé de restaurer la statue de Saint Martin abritée dans l'église paroissiale, le restaurateur italien Renato Boi a découvert qu'il s'agit en fait de Saint Erasme.
Et Saint Martin redevint Saint Erasme !
"Avant 1575, le protecteur des vignerons San Martino, veillait sur les habitants de la commune balanine en raison d'une chapelle romaine baptisée en son nom édifiée entre le XIè et le XIIè s. hors les murs
Grignotée par le temps et l'humidité, la statue du vénérable, confiée en 2015 au maître Boio, masquait depuis 179 ans les traits de Saint Erasme patron des marins. Elle a retrouvé son socle à Palasca ...
Chaque détail de la statue de bois a été sorti de la pénombre, nettoyé, gravé, recoloré par le maître Boi ...
Les dorures ont retrouvé leur lumière originelle et l'ange aux pieds du saint, qui maintient pourtant contre le vent l'habit liturgique, a rallumé la flamme au bout de sa torche ..."
Laetitia Martini in Corse Matin du 17 mars 2019
CORSE DU SUD
Sotta (Région Ajaccio)
SCENES RELIGIEUSES
Comme évêque il peut être représenté seul ou associé à des scènes religieuses en compagnie d'autres saints
Il est parfois difficile d'identifier les évêques. Ici s'agit-il de Martin, d'Augustin ou de Servant (Cerbone ?)?
Voir nos pages sur Saint Cyr pour plus d'informations sur cette toile très peuplée !
On y voit Dieu le Père, l'Immaculée Conception, à droite Sainte Catherine d'Alexandrie, Sainte Apolline, Sainte Julitte et son fils Saint Cyr en bas à gauche ; plus le donateur et de nombreux symboles de la Vierge.
Sur le tableau de Palasca ci-dessous, Saint Martin avec Saint Sébastien est aux pieds de l'Immaculée Conception qu'il désigne de la main à l'adoration des fidèles
A Patrimonio, Saint Martin figure aux côtés de Saint Jean-Baptiste dans le tableau de l’Annonciation où l’on peut voir en bas deux pénitents et tout en haut, Dieu le père. On dirait un Giacomo Grandi.
A Patrimonio encore, on peut voir une composition originale qui montre au centre le Christ debout tenant sa croix d’une main et désignant de l’autre sa plaie au côté dont le flot de sang est recueilli dans un précieux Graal posé au sol.
De part et d’autre, se tiennent Saint Roch et Saint Martin richement paré de son habit d’évêque.
Dans chaque angle figurent, vêtus comme au XVIIe s., le donateur et la donatrice, élégante jeune femme blonde portant une fraise et un coquet chapeau incliné.
L’atmosphère sombre du tableau et du paysage, juste éclairé du nimbe du Christ, rappelle celle de la Passion.
Tableau de ou d'après le peintre Varese : une oeuvre semblable figure dans l'église de Ville di Pietrabugno, clairement signée Varese.
Sur le tableau du maître-autel de l’Oratoire Saint-Roch, ci-dessous, on peut voir la Vierge adorée par Saint Roch, Saint Sébastien, Sainte Catherine d’Alexandrie avec sa roue et en bas à droite Saint Martin, identifié par M.-E. Nigaglioni d’après des documents d’archives.
Dans son article rédigé avec Pierre Curie, Propos autour d’un inventaire : quelques peintures italiennes à Bastia, La Tribune de l’art (disponible en ligne), M.E. Nigaglioni nous apprend que cette œuvre est due au peintre Giovanni Bilivert, « peintre d’origine flamande travaillant à Florence » (qui a réalisé aussi le beau tableau de l’Annonciation dans l’Oratoire Sainte-Croix à Bastia).
Le tableau est signé « GIO. BILIVERT F(ecit). 1626 ». L’enquête menée par les auteurs est passionnante.
Voir notre page sur la Madone des Sept Douleurs
Dans son roman « Pour une vallée sereine » (u saviu d’Ascu). La Marge édition, 1986, Antoine Trojani, par la voix d’une certaine Zia Apullonia, nous conte la légende des « Nasimozze », des « camardés » qui habitent au sein du Monte Padro, mont qui domine le village d’Asco.
Deux jeunes gens, tombés sous le pouvoir d’une fée, doivent répondre, sous peine d’horribles représailles, à un questionnaire.
Mais le plus intéressant, c’est qu’ Antoine Trojani nous dit, en note, que, à Asco au début du XXè siècle, ses camarades et lui, jouaient à ce jeu de questions-réponses, qu’ils appelaient « Pater de Saint Martin » et, bien sûr en corse.
En voici l’extrait :
- Dis-moi, dis-moi, qui est Un ?
- Un est Christ
Emmanuel, annoncé par l'ange Gabriel.
- Dis-moi, dis-moi, qui
sont deux ?
- Deux sont les tables
de l'Ancien testament, reçues par Moïse sur le mont Sinaï.
- Dis-moi, dis-moi, qui
sont trois ?
- Trois sont les
Patriarches de Dieu : Abraham, Isaac et Jacob, qui reçoivent l'âme quand elle quitte le corps.
- Dis-moi, dis-moi, qui
sont quatre ?
- Quatre sont les
évangélistes de Dieu, Luc, Jean, Marc et Matthieu.
- Dis-moi, dis-moi, qui
sont cinq ?
- Cinq sont les livres
de la Foi de Moïse.
- Dis-moi, dis-moi, qui
sont six ?
- Six sont les coqs qui
chantent en Galeh.
- Dis-moi, dis-moi, qui
sont sept ?
- Sept sont les lampes
qui brûlent à Jérusalem.
- Dis-moi, dis-moi, qui
sont huit ?
- Huit sont les saintes
âmes de l'arche de Noé.
- Dis-moi, dis-moi,
qui sont neuf ?
- Neuf sont les
phalanges d'esprits, messagers de Dieu : Anges, Archanges, Principautés, Dominations, Vertus, Puissances, Trônes, Chérubins, Séraphins.
- Dis-moi,
dis-moi, qui sont dix ?
- Dix sont les
commandements donnés par Jéhovah.
- Dis-moi,
dis-moi, qui sont onze ?
- Onze sont les clés
couronnées du Paradis.
- Dis-moi,
dis-moi, qui sont douze ?
- Douze sont les
disciples de Jésus-Christ qui mangèrent et burent avec lui, lors de la dernière cène.
-
Dis-moi, dis-moi, qui sont treize ?
- Tu ne peux pas
dépasser douze. Tu es le démon ! ...
[Il
s'ensuivit un vacarme épouvantable ... mais la légende connut une fin heureuse]
Traduction en corse :
- Dimmi, dimmi qual’hè chi hè Unu ?
- Unu hè Cristu Emanuele, annunziatu da l ’anghjulu Gabriellu.
- Dimmi, dimmi quali so’ chi so’ dui ?
- Duie so’ e tavule di l’Anticu testamentu, ricevute da Mosè annantu u monte Sinaï.
- Dimmi, dimmi quali so’ chi so’ trè ?
- Trè so’ i patriarchi di Dio : Abràhamu, Isaccu, è Ghjacobbu, chi ricevenu l’anima quand’ella lascia u corpu.
- Dimmi, dimmi quali so’ chi so’ quattru ?
- Quattru so’ i vangelisti di Diu, Lucca, Ghjuvanni, Marcu, è Matteu.
- Dimmi, dimmi quali so’ chi so’ cinque ?
- Cinque so’ i libri di a Fede di Mosè.
- Dimmi, dimmi quali so’ chi so’ sei ?
- Sei so’ i ghjalli chi cantanu in Galeh.
- Dimmi, dimmi quali so’ chi so’ sette ?
- Sette so’ i lumi chi’ brusgianu in Ghjerusalemme.
- Dimmi, dimmi quali so’ chi so’ ottu ?
- Ottu so’ e sante anime di l’Arca di Noè.
- Dimmi, dimmi quali so’ chi so’ nove ?
- Nove so’ e falange di spiriti, messaghjere di Diu : anghjuli, arcanghjuli, principati, dominazioni, virtù, putenze, troni, cherubini, serafini.
- Dimmi, dimmi quali so’ chi so’ dece ?
- Dece so’ i cumandamenti dati da Ghjehova.
- Dimmi, dimmi quali so’ chi so’ ondici ?
- Ondici so ’ e chjavi incurunate di u Paradisu.
- Dimmi, dimmi quali so’ chi so’ dodici ?
- Dodici so’ i discipuli di Ghjesù Cristu ch’ anu manghjatu è betu cun ellu, durante l’ultima cena.
- Dimmi, dimmi quali so’ chi so’ tredici ?
- Un poi mica francà tredici. Tu si’ u dimoniu !...
Merci à Jean-Raoul Luciani de nous avoir communiqué ce document, puisé dans son abondante bibliothèque d’ouvrages consacrés à la Corse.
AUTRES OEUVRES GLANEES LORS DE DIVERS VOYAGES