Les sanctuaires du Moyen Age (VIIe s.-XVe s).
Geneviève Moracchini-Mazel (Les Eglises romanes de Corse et Corsica Sacra op.cit.) en dénombre au moins une cinquantaine pendant cette période, sans compter les baptistères accolés aux églises.
Beaucoup sont à l'état de ruines reconverties en maison, grange, pailler, bergeries, pierres gravées et linteaux éparpillés etc. mais grâce aux travaux de G. Moracchini-Mazel dans les années 60 , les pierres ont parlé.
Les plus anciens sanctuaires (piévanies) édifiés dans les anciennes pieve (micro régions, religieuses et administratives, qui correspondaient géographiquement à une vallée) portaient un double vocable comme à Aregno (Trinité et San Giovanni). Certains ont été restaurés ou ont servi de base à un autre édifice encore debout aujourd'hui.
En Haute-Corse
L'Eglise de la Trinité et San Giovanni Battista à Aregno est avec San Michele de Murato l'église romane la plus connue de Corse. Elles pourraient avoir le même architecte (voir photos ci-dessus).
CAP CORSE
D'Ouest en Est
La chapelle, dresse sa façade baroque au hameau de Pecorile ; elle a été construite au XVIIe s. et rénovée en 2005.
Une passerelle traversait la ruelle qui séparait le Palazzo de la chapelle. Ainsi la famille de Carlo - revenu très riche des Indes - assistait aux offices depuis chez elle, dans une pièce en hauteur qui donnait sur le choeur par une ouverture. Presque comme les Médicis à Florence ...
BALAGNE
Carlo Ferdinandi fils de feu Perfetto, du lieu de Pozzo, a été pendant 27 ans aux Indes, a fait construire l'église Saint-Jean-Baptiste à ses frais, à la gloire de Dieu et du Saint et en place la présente mémoire l'an 1724.
La façade d'esprit baroque est surmontée d'un fronton en coquille. (3)
Au XIIe s. et XIIIe s. Pise reconstruit en Corse les églises piévanes sur le site des anciennes bourgades romaines, d'où leur situation écartée.
Aregno, Grossa, Carbini, Poggio di Tallano, Sari d'Orcino, Sorio et Murato font partie de ce groupe (Mazel, t.1 pp 114 sq).
Aregno et Murato présentent les plus belles polychromies de granits de Corse : noirs, ocres, jaunes...
Située au-dessus du village et au coeur du cimetière communal, l'église d'Aregno présente une haute et étroite façade décorée de nombreux motifs sculptés.
On y voit le bestiaire roman (ours, taureau, paons, serpents), des statuettes humaines, des végétaux.
Cet intrigant personnage qui se tient le pied suscite bien des questions. Plus bas des motifs plus courants de l'art roman : serpents enlacés, masque, tête de bovin.
L'abbé Tencajoli (Chiese di Corsica op.cit.) donne une interprétation toute personnelle : les 3 personnages en façade figureraient la Trinité : en haut le Père Eternel avec une flèche dans le pied droit signifie l'offense du péché originel. Le personnage en robe à gauche : c'est le Verbe qui s'offre pour calmer la colère divine - prêt à partir les mains sur les hanches- ; enfin à droite : le Saint-Esprit tenant le rouleau des Saintes Ecritures. (p.32)
Deux paons affrontés
A Muro, une chapelle San Giovanni Battista est signalée.
CENTRE CORSE (CORTE)
A 20 mn de marche de Prunelli di Fiumorbo s'élèvent les ruines de l'église San Giovanni Battista (fin VIe s. selon G. Moracchini-Mazel), un des sanctuaires romans les plus anciens de Corse avec San Michele de Vezzani et San Pedruculo d'Accia de Quercitello.
Aussi à Olmi Cappella au lieu-dit San Giovanni : traces d'une ancienne chapelle dont beaucoup de pierres et de murs ont été réemployés. A Valle di Rostino on trouve des traces d'un ancien baptistère du XIIe s. A Focicchia (voir notre page sur la confusion avec la chapelle saint Jean l'Evangéliste à Altiani, à Calacuccia ...
BASTIA
NEBBIO
Pietralba
Au hameau de Pedano se dresse la chapelle de l'Annonciation et de Saint-Jean-Baptiste.
CASTAGNICCIA
Enfin au lieu-dit San Giovanni, on relève les traces d'une ancienne chapelle.
COSTA VERDE
Au Nord de la commune de Moïta, au lieu-dit San Giovanni, s'élevait une chapelle romane (quelques ruines au sol et des pierres en réemploi).
En Corse du Sud
Carbini - Eglise St Jean-Baptiste (XIIe s.)
Les églises et les chapelles Saint-Jean-Baptiste d'aujourd'hui
En Haute-Corse
Saint-Jean de Bastia témoigne de l'essor fulgurant de l'architecture baroque en Corse au XVIIe s. qui commence par Bastia, la riche capitale siège du gouvernement génois et de bien d'autres instances.
Elle est bâtie à partir de 1636 à l'emplacement d'une petite église démolie à partir de 1618. (1). Vraiment achevée au XVIIIe s., elle domine toujours le Vieux-Port de ses deux clochers, image de marque de la ville et de la rivalité séculaire entre les deux paroisses de Terra Nova et Terra Vecchia.
Calvi
Cette église baroque, une des plus belles de Corse, domine la pieve d'Ampugnani.
Commencée en 1648 et agrandie au XVIIIe s., elle doit sa magnifique façade toute en volutes, coquilles et médaillons, au grand architecte (peintre, stucateur etc.) italien Domenico Baïna qui l'acheva en 1707.(1)
Il contribua aussi à l'érection de l'impressionnant campanile à 5 étages, haut de 45 m, terminé en 1720 par un architecte de Quercitello, le village voisin, ainsi qu'au décor peint de la nef.
L'église qui dépendait jusqu'alors de Saint-Cyprien de Quercitello, deviendra paroissiale par la volonté de Mgr Marliani en 1654.
Sur le cartouche qui surmonte le portail triomphal on lit une parole du Christ extraite de l'évangile de Mathieu (XI,11) :
Non surrexit inter natos mulierum major Johanne Battista
(Parmi ceux qui sont nés de femmes il n'en est point paru de plus grand que Jean-Baptiste).
Et d'ajouter : Mais le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui.
Sur la coquille qui surmonte le cartouche, on lit :
Accipe, redde, fuge : reçois (les dons de Dieu), rends-lui (ce que tu lui dois), fuis (les supplices infligés aux ingrats), trois conseils pour bien vivre et bien mourir. (2)
La Porta - Cartouche
Poggio Mezzana
L'église a été bâtie en 1751 sur les bases d'un édifice roman, puis améliorée au 19e et 20e s.
La façade est surmontée d'un beau fronton baroque orné de colonnes engagées, de volutes et d'une niche à statue.
En Corse du Sud
Edifice maniériste de la Confrérie Saint-Jérôme et Saint-Jean qui gérait l'hôpital des pauvres. Selon la notice es M.H. plusieurs membres de la famille Bonaparte y ont été baptisés.
(1) Pour la description détaillée de la façade : Nicolas Mattei, Le Baroque religieux en Corse, op.cit.)
(2)Hugues de Saint-Victor, théologien et mystique du Moyen Age.
(3)Brando Inventaire du patrimoine, Association Petre Scritte 2015.
Rendez-vous sur l'excellent site Corse-romane.eu