SAINT FRANCOIS XAVIER EN CORSE 1
décembre 2018 - mise à jour avril 2022
Saint François-Xavier, sa vie son oeuvre
Né en 1506 à Javier en Espagne (Navarre) non loin de St-Jean-Pied de Port, dans une famille aristocratique, il fait ses études à la Sorbonne où il rencontre Ignace de Loyola avec qui il fonde en 1534 la Compagnie de Jésus. Cet ordre prête fidélité au Pape "ad majorem gloriam dei".
Les Jésuites sont nés, à la fois missionnaires et éducateurs.
François-Xavier est ordonné prêtre à Venise en 1537 et, chargé de mission par le roi du Portugal et le pape Jean III, il part en tant que nonce apostolique.
Sa vie sera celle d'un grand voyageur missionnaire, de cette année 1540 à sa mort.
On l'appellera l'apôtre des Indes. Goa, Malacca, Ceylan où il convertit les Paravers, frustes pêcheurs de perles, Moluques, Inde, le Japon en 1549 ... Infatigable missionnaire, il évangélise et baptise en masse. Dans les oeuvres où il figure, il est entouré d'Indiens, qu'il évangélise.
Ses "exploits" parviennent jusqu'en Europe où son culte et sa légende vont se développer. On lui attribue des dizaines de miracles (résurrections, apaisement de tempêtes...), des dons exceptionnels etc ...
Sans relâche, il évangélise mais aussi soigne, aide et secourt les populations même si pour lui ce sont des barbares incultes. Ce dévouement est si bien perçu qu'il baptise des milliers de personnes.
Alors qu'il cherche à se rendre en Chine pour y continuer son oeuvre, il tombe malade et meurt sur l'île de Sancian le 3 décembre 1552. Sa tombe est à Goa.
Il est canonisé par Grégoire XV en 1622 en même temps qu'Ignace de Loyola.
In omnem terram exivit sonum eorum et in fine orbis terrae verba eorum
(Leur voix s'est répandue sur la terre et leurs paroles (des Apôtres) jusqu'aux confins du monde)
Ces paroles du Psaume XVIII (Epître de St Paul aux Romains ch.5 v.10) qui figurent sur les stucs de l'autel conviennent à ce missionnaire infatigable.
"Satis est Domine, satis est"
C'est assez, Seigneur, c'est assez" aurait proféré le futur saint. Assez de misères ? Non, assez de joie et de délices sur terre ; que va-t-il rester quand je serai au ciel, alors ?
C'est globalement le sens de cette phrase qui figure au fronton de son autel à Pietralba.
Une anecdote : la formule a fait florès et a été souvent reprise, par Bossuet par exemple.
Voltaire la détourne dans une lettre au comte de Rochefort en mai 1768 pour lui signifier qu'il ne faut plus qu'il lui envoie autant de champagne !
Basta cusi' !
Pour figurer cette exaltation et ce trop plein de bonheur, on voit François-Xavier, l'habit fendu au niveau de la poitrine et/ou exhibant un coeur en feu et rayonnant.
L'iconographie
Il est revêtu de l'habit noir des Jésuites (qui en fait n'ont pas de vêtement spécifique) ou en habit de desservant.
St François-Xavier à gauche ; Tobie et l'archange Gabriel à droite ; Marie-Madeleine au pied de la croix ; un angelot acrobate recueille le sang du Christ dans le Saint-Graal.
La prédication
C'est la scène la plus représentée avec celle de sa mort. Armé de son seul crucifix, l'apôtre des Indes s'adresse à un auditoire d'indigènes exotique et bigarré.
Sur la toile de San Nicolao ci-dessous on distingue en arrière-plan un ange qui conduit les futurs convertis jusqu'au saint. En bas à droite, la femme, inspirée de Pierre de Cortone, déjà rencontrée à Muro par exemple (voir la Nativité de la Vierge) mais elle a une drôle de main ...
La mort au large de la Chine
Le tableau très "peuplé" montre une belle composition. On remarque la diagonale descendante qui joint l'homme au large couvre-chef au saint mourant.
Le regard s'élève ensuite vers le ciel en suivant la cohorte des angelots qui s'élargit d'un bord à l'autre de la toile.
On est au bout du monde, sur un rivage inconnu : le saint gît au sol sous une cabane rudimentaire ; la scène est éclairée de torches ; la mer au loin.
L'indigène emplumé qui joint les mains en arrière-plan, guidé (?) par un soldat, rappelle la mission d'évangélisation.
Les traits ethniques sont divers comme l'indique le personnage agenouillé près du saint qui attire notre regard sur le crucifix. Il se pourrait qu'il s'agisse d'une représentation des 5 continents.
L'original de cette scène de l'agonie du saint a été beaucoup copiée dans le monde, du Mexique au Québec et en France. Qui l'a fait ?
Une gravure portugaise d'André Rainoso du XVIIè s. a circulé dans toute l'Europe et a inspiré dans les années 1670, Pietro di Cortona, Carlo Maratta, Ciro Ferri et Il Bacciccia.
Une gravure de la famille Poilly a été souvent reproduite.
Les détails font sens : l'apôtre partit avec pour seul bagage le bréviaire, le crucifix, présents dans l'oeuvre et, à l'heure de sa mort pour seule nourriture, des amandes, qu'on distingue dans le tableau de La Porta.
Ce tableau est de Pietr'Antonio Rossi (actif 1692-1722) ; récemment restauré il a figuré dans l'exposition des Confréries de Corse à Corte.
Sa composition (sorte de triptyque d'un seul tenant) est originale.
C'est une belle image ; les détails réalistes et décoratifs rendent les scènes familières. L'échappée vers la mer et le lointain donne de la profondeur à la toile.
Le peintre a beaucoup travaillé en Balagne (Belgodère, Zilia, Sainte-Reparata di Balagna).
La mer et les navires
Ils sont le décor obligé des oeuvres consacrées à ce grand voyageur dont la devise était Amplius (davantage).
C'est sur la Santa-Cruz que François fit son dernier voyage. La légende dit qu'une terrible tempête s'étant déclarée, il jeta à la mer un reliquaire et tout redevint calme.
La légende du crabe d'or
L'histoire est belle : alors qu'il navigue, François-Xavier laisse tomber son crucifix ; peu après un crabe d'or sort de l'eau tenant le crucifix dans ses pinces.
Ainsi, crucifix et crabe sont les attributs de François-Xavier. On lui voit quelquefois aussi un genre de bâton de pèlerin.